RDV dentaire : le parcours du combattant
Depuis quelques années, obtenir un rendez-vous chez un dentiste, c’est un peu comme trouver le graal. Voici quelques éléments de réponses pour comprendre la situation de tensions dans les cabinets dentaires bretons.
7 communes sur 10 sans dentistes, un triste record
Au début de l’année 2023, 823 communes bretonnes ne comptaient aucun dentiste, soit 7 communes sur 10. Il n’est pourtant pas si loin le temps où l’on pouvait prendre rendez-vous pour un contrôle dentaire sans trop de difficultés. Alors pourquoi un changement de situation aussi rapide ?
Des praticiens non remplacés
En 12 ans, 53 communes bretonnes ont perdu leurs praticiens. Sur le pays de Morlaix par exemple, on dénombre 1 dentiste pour 2300 habitants en 2023, là où la Bretagne comptabilise un dentiste pour 1700 habitants.
Départs à la retraite, arrêt d’activité, les raisons expliquant cette modification de couverture du territoire sont nombreuses. Les jeunes dentistes ont aussi des attentes fortes en termes d’équilibre entre leur vie personnelle et professionnelle. Le résultat ? Un déséquilibre entre l’offre de rendez-vous et une demande croissante de soins à laquelle il est impossible pour les cabinets de répondre. Sans oublier les mesures mises en place suite à la pandémie de Covid-19, qui ont fortement impacté les cabinets dentaires.
Des centres mutualistes qui font face à un nombre croissant d’appels et d’incivilités
Malheureusement, comme partout, les centres mutualistes font face à un très grand nombre d’appels et sont dans l’incapacité de répondre à la demande de rendez-vous. La frustration peut être grande pour les patients, qui souhaiteraient que les centres mutualistes puissent apporter une réponse à la pénurie de dentistes à laquelle le territoire est confronté.
Une autre problématique voit le jour. Lorsqu’un praticien d’un centre de santé cesse son activité, un autre praticien du même centre ne peut pas prendre le relais, son planning étant rempli au maximum de ses capacités. « C’est une situation difficile à expliquer pour nos assistantes dentaires, qui font face à des incivilités croissantes », explique Julie Cottereau, responsable des centres de santé dentaire chez Alv’heol. « Il est malheureusement impossible de garantir la poursuite d’une prise en charge après le départ d’un praticien, et ce même si le patient vient depuis plusieurs années. Si la pénurie n’était pas là, la situation serait différente. Mais il n’y a pas assez de dentistes aujourd’hui. Nos équipes font le maximum pour apporter des réponses satisfaisantes aux patients. Elles ne peuvent pas faire de miracles. »
Des listes d’attente impossible à mettre en place
Alors, pourquoi ne pas mettre en place des listes d’attente ? « C’est impossible au regard du nombre de demandes que nous recevons. Avant la mise en place de notre nouvel accueil téléphonique, nous recevions des centaines d’appels pour des demandes de rendez-vous, chaque semaine » répond Julie Cottereau. « Nous sommes aussi frustrés que les patients par cette situation. Surtout que nous ne pouvons leur proposer aucune autre solution, si ce n’est, en cas d’urgence, de contacter le service des urgences de l’Hôpital de Brest pour le territoire Finistérien où nous sommes implantés. Mais là encore, le service des urgences est confronté aux mêmes difficultés que l’ensemble de la profession. »
Fin 2022, le ministre de la santé François Braun a annoncé un plan d’action pour répondre à la pénurie de dentistes qui touche notre région : 390 à 440 dentistes seront formés en Bretagne d’ici 2025. Un premier degré de réponse, qui, nous l’espérons, amènera un peu d’apaisement à une situation aussi difficile à vivre pour les praticiens que pour les patients.